8 janvier 2010

Ma carrière me tracasse

Cette semaine, j’ai vécu une autre de mes nombreuses crises professionnelles. Il m’arrive très souvent de douter de moi et de mes compétences, de ne plus savoir ce que je vaux et à quoi je sers. Dans ces moments là, je n’arrive même plus à savoir ce que j’aime et je deviens incapable de cerner ne serait-ce qu’une seule de mes forces. Je me sens perdue, abattue et figée. J’ai alors l’impression d’être un cas désespéré et de n’être qu’à un pas de la folie, de l’aide sociale et de la rue.

Quoi? Ça se peut! Je ne serais pas la première personne d’apparence normale à subir ce genre de dégringolade.

Je dis que je suis d’apparence normale, mais en fait, je sais que la plupart des gens me trouvent au moins un peu bizarre. J’ai même une très bonne amie, dont j’adore la franchise, qui m’a dit un jour que c’est vrai que je dis ou je fais des choses bizarres, mais que je n’en suis pas moins très attachante. C’est quand même bien d’arriver à être attachante malgré une personnalité déficiente. Je fais beaucoup d’efforts pour ne pas être bizarre, mais ce n’est pas facile, et je pense que ces efforts me rendent encore plus bizarre. C’est un cercle vicieux.

Être bizarre, ça peut passer avec les amis et la famille, mais sur le plan professionnel, ce n’est pas gérable. C’est pour ça que je me suis résignée à faire un travail solitaire. Bien que j’aime la traduction, il me semble parfois que je ne mets pas en valeur tout mon potentiel. C’est pour ça que je fais continuellement des cours à l’université. J’espère me découvrir de nouvelles compétences tellement exceptionnelles qu’elles me permettraient de faire un travail incroyablement valorisant et utile malgré les failles de ma personnalité et mon anxiété maladive.
Il me semble qu’il FAUDRAIT que je fasse des études en administration aux HEC pour être en mesure d’être gestionnaire dans un cabinet de traduction ou un service linguistique un jour. Le hic, c’est que je ne tolère pas du tout que des gens ne m’aiment pas, même momentanément, alors il est probable qu’on me retrouverait pendue dans mon bureau de « gestionnaire » au bout de deux semaines. C’est bien dommage, car sans mon insupportable anxiété, je serais très bonne pour faire ce travail. Quand je suis détendue, j’ai le sens de la stratégie et des affaires, j’ai un côté sociable et très humain et je peux même avoir un enthousiasme contagieux. Mais ces jolies qualités sont inexploitables pour l’instant.

J’ai donc décidé de continuer en études allemandes à l’Université de Montréal, surtout parce que ça me plait et aussi parce que j’aimerais bien devenir polyglotte. Mais je doute fort que ces études aient la moindre valeur sur le marché du travail. Pour m’inciter à ne pas lâcher, je m’accroche à ce petit paragraphe qui figure dans la brochure du baccalauréat en études allemandes :

Figurant au nombre des plus grandes puissances économiques du monde, l’Allemagne est le second partenaire commercial du Québec après les États-Unis. Elle se situe depuis longtemps
– pensons à Einstein – à l’avant-garde du progrès scientifique, notamment en matière technologique et environnementale. À l’heure de la mondialisation, la connaissance de l’allemand est un atout indéniable pour qui s’intéresse aux échanges politiques, économiques et culturels entre le Canada et l’Europe. Première langue de l’Union européenne, l’allemand est la deuxième langue en importance sur Internet. Elle constitue l’un des principaux aspects d’une tradition riche et ancienne qui a beaucoup influencé la culture occidentale.

Si je persévère, je pourrai traduire de l’allemand au français dans mon domaine, qui est celui de la médecine. Je pense que ça me plairait bien.

Ce blogue me sert de plus en plus de substitut bon marché à la psychanalyse. Ma foi, ça marche aussi bien. Mes idées me semblent toutes bien rangées maintenant.

Vous savez, une proportion impressionnante des documents que vous lisez sont des traductions, même s’ils ont l’air d’avoir été écrits en français. Ça ne paraît pas parce que la plus grande qualité d’un traducteur c’est d’être invisible. Sur ce, je retourne dans ma grotte sous le regard bienveillant (mais critique) de Saint-Jérôme.

4 commentaires:

Éric a dit…

Décidément, les traducteurs sont des drôles de bibittes. Je peux en témoigner, j'en suis également un ;-)
J'ai régulièrement le même genre de questionnements et j'arrive toujours à la même conclusion : bonne paye, bonnes conditions, horaire très flexible. Plate par moment, mais difficile à battre en général. Alors je continue...

PS J'ai supprimé mon message précédent parce que je n'arrivais pas à le modifier. Là, c'est ok...

Sophie a dit…

Étant moi-même un peu bizarre (en plus d'être aussi traductrice!), je trouve que la bizarreté est une belle qualité!

Geneviève a dit…

Je vois qu'on se comprend entre traducteurs ;-)

Véronique a dit…

Je ne suis pas traductrice mais je suis bizarre quand même...avant ça me dérangeait et je prenais le moins de place possible, disais rien, pour ne pas que ça paraisse. Là on dirait que je m'en fous plus. De toute façon il n'y a rien à faire hehe, même quand je fais juste bouger je le fais bizarrement hehe! J'aime mieux "spécial" que bizarre!