26 juin 2012

Championnat provincial d'agilité


Je me suis inscrite au Championnat provincial d’agilité parce que je voulais vivre une grosse compétition. Je m’étais fixé comme objectifs d’en apprendre plus sur ce sport, de voir les meilleurs chiens du Québec à l’œuvre, de prendre de l’expérience de compétition avec Oslo et de savoir à quoi m’attendre pour l’année prochaine. J’avais aussi un objectif très secret : celui d’accumuler les 350 points requis pour nous qualifier pour le championnat national. Mais je me doutais que ce serait difficile à atteindre étant donné qu’on a commencé la compétition ce printemps seulement, qu’on émerge à peine du niveau novice et que j’en suis à mon premier chien et à mes premières armes dans ce sport. Mine de rien, ça fait beaucoup de choses à apprendre en même temps!

Oslo est dans la catégorie 22 pouces « spécial ». Normalement il devrait sauter à 26 pouces, mais il n’a pas beaucoup d’impulsion et il en est incapable. Les Labradors en général compétitionnent dans cette catégorie en raison de leur morphologie qui n’est pas tout à fait adaptée à l’agilité. Notre catégorie comptait 15 chiens.

Notre première course de la journée était un « sauteur » (parcours rapide comportant des sauts et des tunnels seulement). J’avoue que je m’attendais à des parcours beaucoup plus difficiles (à cause des cours de maniement que je suis avec Lucie Dessureault, qui se fait un malin plaisir de nous compliquer la vie le plus possible). Quand j’ai fait la reconnaissance générale des parcours le matin, j’avais l’impression qu’il s’agissait du niveau novice. Je l’ai dit à quelques personnes que je connaissais, toute surprise, mais je pense que j’aurais dû me taire parce qu’elles n’avaient pas l’air contentes. J’ai peut-être paru arrogante. Ou je leur ai peut-être imposé un stress supplémentaire. Chose certaine, j’ai regretté ma grande gueule. Si je les trouvais si faciles, ces parcours, il allait falloir qu’on les réussisse parfaitement pour que je ne me couvre pas de honte!

Eh bien, notre première course a été un sans-faute! En bas du temps requis en plus! Bien franchement, je sentais déjà que mon objectif du weekend était atteint! Nous avions réussi un parcours parfait au Championnat provincial, nous les petits débutants!!! J’étais si fière de mon beau Oslo! Voilà que nous avions accumulé 82 points (75 pour le parcours parfait et 7 points en raison de nos 7 secondes en bas du temps requis).

Notre deuxième course était un « standard », notre force! En plus, mon amoureux était là pour prendre des photos! Ça me mettait de la pression. Il ne vient pas souvent, alors je ne voulais pas qu’il soit déçu. Le standard comporte tous les obstacles courants (sauts, tunnels, balançoire, palissade, passerelle et slalom). C’est plus lent que les « sauteurs », car certains obstacles prennent plus de temps à franchir, et ça laisse un peu plus de temps pour penser. Il y avait quelques changements de direction un peu délicats, mais rien de très difficile. Encore une fois, nous avons réussi la course avec brio!
Voici quelques photos de cette course qui, je crois, elle notre meilleure à vie :
 Ah! Les départs. Tellement le moment le plus difficile pour nous. Une fois partis, on est corrects!

Premier saut!

 Super belle entrée de slaloms et rapide jusqu'au bout! On s'en vient bien dans cet obstacle!

Dernier saut! Woohoo, Oslo! Tu es tellement champion!

Yes! Ce standard nous a donné 109 points (100 points pour le parcours sans faute et 9 points comme prime de temps)! C’est donc bien payant les parcours parfaits! Là, bien franchement, je flottais! Mais en même temps, je sentais la pression monter. Comment faire pour garder notre concentration pour les quatre autres courses du weekend? Je me sentais déjà épuisée! Le plus dur, c’est la longue attente entre chaque course en raison du très grand nombre de chiens dans chaque enceinte (environ 50). C’est dur pour l’humain, mais c’est surtout dur en tabarouette pour le chien. Oslo est habitué aux environnements bruyants, aux autres chiens, aux foules, aux bruits, aux applaudissements et tout ça. Mais c’est quand même un chien anxieux. Les cages des chiens sont toutes cordées les unes à côté des autres, et Oslo n’arrive pas à trouver le repos. Deux journées de suite à rester alerte 8 heures consécutives, ça t’épuise un chien. Déjà, après notre deuxième course, je le sentais décrocher et perdre sa motivation.

Notre dernière course du samedi a été épouvantable. J’ai eu droit à du sniffage à gauche et à droite, à des refus d’obstacles, bref à une absence totale de motivation et de concentration. En plus, la dernière course était un « enjeu » qui nécessite d’envoyer le chien faire des obstacles à distance (l’humain devant rester derrière une ligne à certains moments). Bref, cette course a eu l’effet d’une douche froide. Nous n’avons accumulé que 25 points sur une possibilité de 90 environ.

Après une telle journée (durant laquelle je n’ai à peu près pas réussi à manger en raison de mon stress), j’ai passé la soirée dans un état second dans le salon. J’avoue que j’étais tétanisée par le stress. C’est un jeu l’agilité, pourtant, hein? Mais on prend ça tellement à cœur! Comment faire pour qu’Oslo reprenne sa concentration le lendemain? En plus, la journée commençait par un autre enjeu. Rien de pire pour tuer sa motivation tout de suite en partant! Je ressentais aussi beaucoup de pression à cause de nos deux parcours parfaits de la veille. Il ne fallait pas que je m’écroule le lendemain. J’avais l’impression que ça annulerait nos réussites du samedi. N’empêche que je trouvais ça grisant comme événement! Enfin, enfin j’avais l’impression de revivre mes années de compétition en patin, en gym, en volleyball. La course, ça ne compte pas, parce que je n’ai jamais réussi à performer. Mais en agilité, je sentais qu’Oslo et moi avions un certain talent. J’aime tant cette sensation! Oslo lui, a passé la soirée à dormir et à jouer un peu. Il avait l’air bien.

Le lendemain matin, je suis arrivée en retard! En plein pendant la marche générale des parcours. J’ai quand même eu le temps d’aller faire le repérage nécessaire. Ouf! L’enjeu était encore plus difficile que la veille. J’avais presque la larme à l’œil. Heureusement, j’ai rencontré Julie et Marie de chez Guides canins, qui voyant mon stress, m’ont dit d’arrêter de m’en faire pour l’enjeu. Que c’était normal que je ne puisse pas les réussir encore, puisqu’Oslo et moi n’avions pas atteint ce niveau là encore. Elles m’ont dit : « T’es vite, alors cours et fais le plus de points possibles dans la séquence d’ouverture! Fais ce que tu peux et c’est tout! » Ça m’a tellement soulagée et enlevé de la pression! J’ai décidé de modifier ma stratégie et de choisir un parcours super facile pour la séquence d’ouverture. Pis pour la séquence finale, eh bien on fera ce qu’on pourra!

Pour ceux qui ne connaissent pas les enjeux, j’explique. Pendant la séquence d’ouverture, on essaie d’accumuler le plus de points possible. On choisit son propre parcours. Il y a deux « mini-enjeux » que l’on peut faire derrière une ligne et qui donnent beaucoup de points si on les réussit. À un moment donné, il y a un coup de sifflet, et on doit entamer la séquence de fermeture (enjeu final), qui est une séquence plus longue à faire derrière un ligne aussi, le chien devant se rendre tout seul aux obstacles qu’on lui indique par la voix et des gestes. C’est fucking difficile. Disons qu’on n’est pas rendus là!

Mais je suis contente de ce qu’on a fait. On a réussi un mini-enjeu et on a presque réussi l’enjeu final! Nette amélioration par rapport à la veille et un peu moins de sniffage! On a une vidéo de ça : http://www.youtube.com/watch?v=vVjQXQzG_1k. On voit que je tente un mini-enjeu que je rate (passerelle + tunnel), mais qu’on le réussit dans l’autre sens (tunnel à distance + passerelle). Dans l’enjeu final, on a un peu de mal, mais Oslo parvient à tout faire. Cependant, il hésite trop devant le dernier obstacle et le sifflet sonne avant qu’il le franchisse. Pas si mal! L’an prochain, on va être bien meilleurs dans les enjeux!

Ensuite, il y avait un standard, beaucoup plus difficile que la veille. Plein de petits pièges et de changements de direction ardus. Malgré du sniffage sur la ligne de départ, nous avons tout réussi! Et nous avons été les seuls à le réussir dans notre catégorie! Un autre moment fort de notre fin de semaine! J’étais cependant assez déçue de la lenteur d’Oslo, surtout dans le slalom! Beaucoup plus lent que d’habitude. Mes parents ont filmé ce deuxième standard : http://www.youtube.com/watch?v=ZT5E9kWNN-8&feature=relmfu. Cela dit, nous avons fait un sans-faute alors nous pouvons en être fiers! Pour le cumul des deux standards, nous sommes arrivés premiers sur quinze chiens, ce n’est pas rien!!! En plus, nous avions désormais accumulé 354 points au cours de la fin de semaine, ce qui nous valait une qualification pour le national, avec une course à faire encore! J’étais bien fière, mais toute la pression est tombée, et je n’étais plus très concentrée pour le dernier sauteur.

Une humaine pas concentrée, ça entraîne automatiquement un chien pas concentré. Et ouf! qu’on a été poches dans la dernière course. C’est extrêmement dommage parce que ça nous a coûté beaucoup de points.

En fait, tout a été de ma faute. D’habitude, quand c’est presque notre tour d’entrer dans le ring, je m’assure d’avoir la concentration d’Oslo. Je lui fais faire toute sorte de tours et de mouvements et je le récompense abondamment pour m’assurer d’avoir son attention. Mais là, on dirait que j’ai été prise par surprise, et j’avais encore de la bouffe dans les mains quand le moment est venu d’entrer. Paniquée, j’ai donc tout foutu les 3-4 morceaux de bouffe qui me restaient dans la bouche d’Oslo (la bouffe étant formellement interdite sur le ring), et je me suis précipitée dans l’aire de départ avec Oslo, qui a recraché sa bouffe à terre pour la remanger aussitôt. C’est un miracle que nous n’ayons pas été disqualifiés drette là. J’étais complètement paniquée. Avec tout ça, la juge avait déjà autorisé le départ, et je n’avais pas encore enlevé la laisse d’Oslo. En plus, il sniffait partout, et il ne voulait rien savoir. Je l’ai placé à peu près, et je suis allée me positionner plus loin, car j’avais besoin de faire un lead out pour le début du parcours qui était assez difficile. Une fois placée, je me suis rendu compte que je n’avais pas installé Oslo pantoute à la bonne place et qu’il n’aurait aucune idée de ce qu’il devrait faire placé comme ça. J’ai pris l’épouvantable décision de donner mon « go » quand même, et Oslo ne sachant pas que faire a décidé de sniffer de plus belle. Mais là vraiment beaucoup. Il a fini par sauter la première barrière, pour se remettre aussitôt à sentir le sol. On a avancé comme ça à pas de tortue pendant toute la première moitié de la course. C’était assez ridicule merci. Puis, à un moment donné, constatant probablement que j’avais repris mes esprits, Oslo a décidé de me suivre, et on a super bien fini la course. Malgré tout ce sniffage et ce niaisage, on s’en est sorti avec une seule faute de 5 points et 10 points de faute de temps. On a donc quand même eu 50 points. Mais si je n’avais pas fait toutes ces erreurs en début de parcours, on aurait facilement pu avoir 30 points de plus. Dommage! Ah là, là que j’étais déçue! C’est quand même dommage de si mal finir une compétition qui avait si bien été! Mais les erreurs, c’est ce qui nous fait apprendre! Je voulais acquérir de l’expérience durant cette compétition, eh bien c’est ce qui s’est produit. Oslo et moi formons une bien meilleure équipe maintenant, j’en suis convaincue.

Dans une compétition comme ça, ce ne sont pas tant les parcours qui représentent un défi. C’est tout le contexte. L’attente. Le stress. Les gens qui regardent. La gestion des émotions du chien. La gestion de ses propres émotions. La mémorisation de tous ces parcours. Bref, une compétition cumulative sur deux jours, c’est vraiment dur sur le système!

Oslo et moi, nous nous sommes classés 8e sur 15, et nous avons obtenu 410 points. C’est très respectable, je crois. D’autant plus que je considère tous les compétiteurs présents comme étant très forts. J’ai beaucoup d’admiration pour chacun d’entre eux.

Je pense qu’Oslo et moi, on va devenir très bons. Il n’a que deux ans et demi, et nous n’avons que trois mois de compétition dans le corps. Maintenant, je sais exactement quoi travailler. Et on va continuer de le faire en s’amusant et en riant!

3 commentaires:

Sylvie a dit…

C'est vraiment très intéressant de te lire, moi qui ne connais rien du monde d'agilité, j'avais l'impression de vous regarder en te lisant. Je n'ai pu m'empêcher de faire des liens avec la course à pied. Dans le fond c'est comme dans tout, il faut prendre le temps d'apprendre et de prendre de l'expérience. Nul doute qu'Oslo et toi avez du talent. J'aimerais beaucoup ça vous voir à une compétition. Tu me le diras!

Geneviève a dit…

C'est vrai qu'il y a des similitudes avec la course à pied. J'en vois beaucoup aussi avec la danse! J'aime les compétitions d'agilité parce qu'on les fait en équipe. Je be me rends pas toute seule à la compétition comme en course. Et aussi, il n'y a pas de souffrance à craindre. Merci d'avoir pris le temps de m'écrire un petit mot. Les gens d'agilité sont moins jasants que ceux de la course :-). Je te le dis si j'ai une compé pas trop loin!

Anonyme a dit…

Bravo la bonne équipe. Je n'ai pas pu m'empêcher de tout lire au complet. Je suis à la recherche d'un centre d'agilité ou de sport canin à Québec et je suis tombée sur ce site par hasard. Je ne pense pas vouloir faire de compétition, j'aimerais seulement vivre l'expérience de ce sport d'équipe avec mon chien, un beau Labernois de 16 mois que j'ai recueilli il y a 7 mois.J'ai bien senti toute l'énergie que ça demande et tout le stress que ça génère! Probablement que toi tu retrouves le trill de tes compétitions d'avant, lorsque tu pratiquais d'autres sports. Moi, je ne me vois pas là-dedans, car je n'ai jamais fait de compétition. Bravo donc pour ton courage, j'espère que vous allez continuez tous les deux!

Patsy, maîtresse de Wilson