22 août 2010

Mon oncle Gaston

Quand j’étais petite – je devais avoir 7-8 ans – mes parents nous ont amenées ma sœur et moi voir mon oncle Gaston courir le marathon de Montréal. Nous avions attendu pas mal longtemps quelque part le long du parcours et, à un moment donné, mon oncle Gaston est arrivé! Il avait l’air complètement épuisé, mais il courait quand même, et vite à part ça! Je comprenais déjà très bien à l’époque qu’un marathon était une course vraiment très longue, et qu’on était un héros quand on réussissait à franchir le fil d’arrivée. Pour moi, mon oncle était l’équivalent d’un athlète olympique. J’étais très fière d’être sa nièce!



Plus tard, quand j’étais adolescente et jeune adulte, j’allais souvent faire du ski de fond au Mont Saint-Bruno, et j’y rencontrais presque systématiquement mon oncle Gaston. Il était superbe à voir aller, surtout en pas de patin, une technique que je n’ai jamais maîtrisée. Gaston avait toujours l’air content de me voir là. Pour lui le sport était un mode de vie, et il a transmis sa passion à ses enfants et à ses petits enfants. Malgré tout le temps qu’il consacrait à son propre entraînement, il a assisté de manière assidue aux compétitions de son fils et de sa fille (hockey, ringuette, etc.). Il a toujours encouragé ses enfants à faire du sport que ce soit en équipe ou individuellement. Aujourd'hui sa petite fille, qui a 13 ans, avec qui il s’entendait super bien, fait de la compétition de natation et s’entraîne 10 heures par semaine. Bref, mon oncle a certainement été une grande source d’inspiration autour de lui!

Sa fille Diane a également de bons souvernir de télévision avec son père lors des Olympiques : « Mon père avait non seulement des bons mots pour les gens, mais aussi pour tous les sports. Lorsqu’on disait qu’un sport était plate, il nous expliquait en quoi le défi consistait et trouvait toujours le moyen de vénérer l’athlète. Il avait un grand respect pour tous les sports. »

Pour ma part, j'ai des souvenirs impérissables des partys de famille. Lorsque Gaston était là, on pouvait être sûr qu'on aurait du fun! Il était toujours d'excellente humeur et faisait des farces toutes plus drôles les unes que les autres. Une grande partie de la magie de mes fêtes de Noël d'enfant reposait sur sa présence. Je m'ennuie beaucoup de lui.

Il y a six mois, quand j’ai commencé à m’entraîner pour mon marathon, je me suis mise à repenser beaucoup à mon oncle Gaston. La fois où je suis allée le voir à son marathon a laissé une très forte impression dans ma mémoire. J’ai beaucoup d’amis autour de moi qui sont marathoniens et qui m’inspirent. Ils me donnent le courage de foncer et de croire que je pourrai atteindre le fil d’arrivée. Mais les frissons d’émotion que je ressens en entraînement quand je pense au fait que je vais courir un marathon, c’est surtout à mon oncle Gaston que je les dois. C’est en le voyant courir que j’ai compris combien le marathon est une distance noble, mythique, héroïque. Je suis sûre qu’il ne sera pas loin de moi pendant le marathon, et je vais lui envoyer un beau merci lorsque je vais franchir le fil d’arrivée.

Mon oncle a commencé à courir à l'âge de 18 ans environ alors qu'il était au collège militaire. En 1979, il est entré au Club des coureurs de Saint-Bruno. Avant de tomber malade, c’est lui qui occupait la deuxième place pour le nombre de présence aux courses du club du mercredi soir (559 présences). Il a toujours été très impliqué dans son club. Quand il ne pouvait pas participer à une course à cause d’une blessure, il y assistait comme supporteur. Il a fait partie du conseil d’administration du club et était reconnu pour sa flexibilité, sa modération et sa capacité de conciliation.

Selon Robert, membre du Club des coureurs de Saint-Bruno : « Il était le bon gars, chaleureux, aimable, toujours de bonne humeur. Jamais il ne portait de jugement sur quelqu'un. Au contraire, il savait mettre en relief les bons côtés des personnes. Il était aussi le coureur qui a fait suer la plupart d'entre nous qui avons rêvé de le battre un jour ou l'autre. »

Et bon coureur il l’était! Jusqu’à tout récemment, je n’avais aucune idée des résultats de mon oncle en compétition. Eh bien j’ai su que son meilleur chrono de marathon était de 2 h 50! Pour ceux à qui ça ne dit rien, je peux dire que, moi, je vise 4 h 45, soit presque deux heures de plus que lui. Un chrono de 2 h 50, ça assure non seulement une qualification pour Boston, mais aussi pour New York. Bref, ce n’est pas loin d’un chrono d’athlète d’élite.

Mon oncle Gaston a continué de courir jusqu’au dernier moment. Il est décédé du cancer il y a sept ans. Suite à son départ, tous les membres du club ont porté ses initiales sur leur dossard lors du Marathon de Montréal en 2003.

C'est ce que je vais faire moi aussi le 5 septembre 2010.




* Je voulais faire un geste caritatif pour rendre hommage à mon oncle. Ma cousine m'a dit qu'il a organisé et participé à des courses de « lits ». Ce sont des courses par équipe avec des lits d'hôpital sur roulettes. À tour de rôle, un des coureurs prend place dans le lit et les 3 ou 4 autres poussent le lit. Ces courses étaient au profit de la Fondation de l'Hôpital Charles-Lemoyne. Je vais donc faire un don à cette fondation. Je vous invite, de votre côté, à faire un don à une association ou une fondation qui vous tient à coeur en pensant à une personne que vous aimez.

10 commentaires:

Sylvie a dit…

Ton hommage m'a fait pleurer. Quelle belle source d'inspiration. J'ai maintenant très hâte de te voir devenir marathonienne! xxx

Anonyme a dit…

Mon oncle Gaston, l'hommage que Geneviève te rend aujourd'hui m'a fait pleurer!!! Moi aussi je m'ennuie de toi, ton inébranlable sens de la fête nous manque à chaque réunion de famille. Évidemment, je te connaissais coureur, un grand coureur.... Mais j'ignorais totalement moi aussi la grandeur de ce talent.... 2h50.... Je suis COMPLÈTEMENT estomaquée!!!!!!!!!!
Le 5 septembre, je ferai le demi-marathon en pensant, moi aussi, que je marche sur les traces que tu as laissé....
Ta nièce Claire
(PS: Merci Geneviève!!!)

Anonyme a dit…

Snif....de grosses larmes coulent sur mes joues! Je m'ennuie tellement de mon oncle Gaston!!! Il a laissé une trace sur le coeur de tous ceux qui l'ont cotoyé au fil des ans. Tous les voyages que j'ai fait pendant l'été à Montréal...les Expos...la Ronde...les soupers de famille avec Lina, Michel, Geneviève, Isabelle et Alexandre autour de la piscine derrière chez-lui à St-Bruno...les courses de chenilles avec Luc et Diane...les fou rires. À ses funérailles, j'ai vu mon père pleurer pour la première fois de ma vie. Je me souviens d'être assise sur le banc de l'église avec ma soeur à écouter les hommages qui lui étaient rendu. Je savais qu'il était coureur mais je ne connaissais pas son histoire. Ça ne fait que renforcer l'amour que j'ai pour lui.

Ta nièce, Joan xxx

Anonyme a dit…

Magnifique témoignage Geneviève. Par cet hommage à ton oncle et avec tout ce que tu accomplis, tu es toi même très inspirante. Félicitations pour tout ce que tu entreprends et pour ton dépassement de toi-même.

Julie xxx

Diane Lapointe a dit…

Merci Geneviève pour cet hommage à mon papa et pour être toi aussi une très belle source d'inspiration.Gaston sera avec toi pour ton marathon... j'en suis certaine.Go Go cousine !!

Diane XOXO

Véronique a dit…

Ahhh quel bel hommage!! Beau texte aussi.
Ça marque un enfant, assister à une course ehn? Je me rappelle qu'à 7-8 ans aussi, mon père avait fait le 10km de Lorraine. Pour moi, il était TOUT un athlète et je m'en suis vantée pendant des mois. Quand je lui en reparle, il est tout gêné parce qu'il avait marché et fait un mauvais temps (selon lui), mais c'est tellement pas ça l'important.

J'ai tellement hâte de t'encourager Geneviève!!

Geneviève a dit…

Merci tout le monde. J'aimais beaucoup mon oncle Gaston, et c'était un immense plaisir d'écrire ce texte pour lui. Merci Diane d'avoir pris le temps de me donner plein d'information que je ne connaissais pas!

Vérane a dit…

Ton récit est très touchant. Voilà un bel hommage à ton oncle, Geneviève! Je suis sûre qu'il t'accompagnera à chacun de tes pas lors de ce marathon. ;-)

Véronique Meunier - Triathlon a dit…

Je n'avais pas encore lu ton texte car je voulais prendre le temps de le lire. Tu as su faire revivre ton oncle Gaston. Je suis sûre qu'il doit être fier de toi et je peux même t'assurer qu'il va te pousser un peu lors de ton marathon, tu sais, quand tu vas sentir un genre de second souffle, ce sera lui!!! ;-) Bon marathon!

Michel a dit…

Trois ans après ce texte, et 10 ans après son départ, je me rend bien compte que Gaston était, un peu comme Hélène d'ailleurs, une des âmes de la famille Chrétien. Et je m'ennuie vraiment de lui, maintenant. Quand je pense à lui, je pense inévitablement à son sourire. Salut Gaston! J'ai hâte de te revoir, toi aussi.