15 juillet 2010

Demi-marathon Marcel-Jobin de Yamachiche

J’étais super bien entraînée pour cette course, mais il n’aurait pas fallu qu’il fasse chaud. Il y a trois semaines, quand il faisait 15-20 degrés dehors, ma vitesse d’endurance fondamentale était d’environ 10 km/h (6 minutes du km). Quand il s’est mis à faire 25-35, ma vitesse a chuté radicalement à 8,5 km/h (7 minutes du km).


Autrement dit, ma tolérance à la chaleur quand je cours est très, très faible.

Samedi dernier, à 9 h 15, j’attendais le départ du 21,1 km de Yamachiche, munie de 4 gourdes glacées, de mes jujubes de sport, d’une bonne couche de crème solaire 45 et d’un petit foulard noué autour de mon cou pour maintenir en place trois cubes de glace sur ma nuque. J’attendais à l’ombre, car la chaleur était déjà très incommodante. J’étais contrariée qu’ils nous fassent partir si tard pour un demi-marathon en plein été. Et le comble, c'est qu'à 9 h 20, rien n’indiquait encore que nous allions partir bientôt. La glace dans mon cou fondait… 9 h 25… Les coureurs du 5 km arrivaient encore. Pas de départ en vue pour nous. Finalement, vers 9 h 35, ça y était. Ma glace était presque toute fondue, mais elle m’avait rafraichie. Ça faisait du bien. Les trois premiers kilomètres ont été agréables. Je maintenais un rythme de 6 minutes du kilomètre assez confortablement. Je buvais régulièrement de petites gorgées dans mes gourdes. Il y avait déjà quelques coureurs qui avaient l’air d’être sur le point de mourir, et je me demandais bien pourquoi ils avaient eu l’idée de courir un demi-marathon en plein été s’ils étaient si peu en forme. Deux kilomètres plus loin, la chaleur avait commencé à faire son œuvre sur moi aussi, mais j’étais décidée à ne pas la laisser m’anéantir. Je faisais très attention de bien boire, mais pas trop non plus. Aux points d’eau, je me versais toujours un verre d’eau sur la tête et je buvais un autre verre d’eau.

La course se faisait dans des rangs de campagnes. Il y avait une humidité suffocante qui se dégageait des terres. Ça m’était insupportable. Et pas une seule zone d’ombre. Jamais. Il faut dire quand même qu’il y avait parfois des gens avec des boyaux d’arrosage sur le bord de la route qui nous offrait une belle douche rafraîchissante. La première fois, vers le 7e kilomètre, j’ai seulement couru à travers le jet. Les trois autres fois, je me suis carrément arrêtée dans le jet pour tenter de faire descendre ma température.

J’avais demandé à Stéphane de m’attendre au 10e et au 17e kilomètre avec des glaçons et de l’eau froide. J’avais très hâte d’arriver au premier point de rencontre, car je crevais de chaleur et je rêvais d’avoir des glaçons. J’ai donc été démoralisée quand j’ai vu qu’il n’était pas là. Je m’en doutais un peu, car compte tenu du trajet aller-retour des coureurs, cette partie du parcours était inaccessible en voiture. Après 10 km, je n’avais déjà plus d’eau dans mes gourdes. Au point d’eau suivant, j’ai donc pris le temps de m’arrêter pour les remplir. La bénévole n’était pas contente que je prenne trois verres, et elle n’arrêtait pas de dire « on va manquer d’eau, on va manquer d’eau ». Crime, comment ça se fait qu’ils n’ont pas pensé que 300 coureurs qui courent un demi-marathon en plein été alors qu’il fait 35 avec l’humidex auraient besoin de beaucoup d’eau?

Au 17e kilomètre, Stéphane était là! J’ai pris des glaçons et je les ai mis dans ma casquette. Ça a fait du bien pour réduire la chaleur. Stéphane a roulé à côté de moi quelques secondes pour que je puisse parler un peu à Oslo qui était sur le banc arrière. Il me regardait comme s’il ne m’avait jamais vu… Stéphane m’a dit qu’Oslo a réagi à retardement et qu’il essayait de sortir par la fenêtre arrière une fois qu’il a accéléré pour me dépasser.

À ce point là de la course, j’étais à bout de force, et j’en étais réduite à trotter hyper lentement. Mais je n’ai jamais marché et j’en suis très fière. Peu après le 17e kilomètre, je me suis arrêtée au moins 10 secondes dans le jet d’eau d’un boyau d’arrosage. J’ai fini la course bizarrement, avec mes souliers qui faisait plus « sploush, sploush » que si j’avais couru sous la pluie battante. Je suis sûre que j’avais l’air misérable.

À l’arrivée, je me suis bien assurée de déplier mon dossard qui était dans un état lamentable, car c’était une course sans puce. Il y avait trois bénévoles qui prenaient notre numéro de dossard et qui inscrivaient notre temps à la main sur un papier. Selon ma montre, j’ai fait un temps de 2 h 14 et 45 secondes. Selon leur chronomètre, c’était plutôt 2 h 17. Dans un cas comme dans l’autre, c’est nul. Surtout si je considère que j’ai fait un 21,1 km en 2 h 12 à un rythme d’entraînement deux semaines auparavant. Je croyais pouvoir battre mon record de 2 h 05 sans aucune difficulté. Mais bon, la température a un effet drastique sur ma performance on dirait. Ce 2 h 05 avait été obtenu à Philadelphie en novembre dernier alors qu’il faisait environ 8-10 degrés. Ça ne se compare pas. Je vais faire un autre demi cet automne pour voir.

Tout de suite après la course, je me sentais bien, et j’étais heureuse de ne pas avoir envie de mourir comme les dernières fois. Mais cinq minutes plus tard, coup de massue, je me suis mise à voir des étoiles. Je savais que je faisais une chute de tension, alors je me suis mise la tête en bas, et je me suis forcée à manger quelques fruits et même un mini bout de bagel. Pas vomi, ce qui est rare après un demi.

Marathon dans moins de 8 semaines. Je me prépare psychologiquement à ce qu’il fasse très chaud. Le 5 septembre, c’est souvent la canicule! J’espérais faire en bas de 4 h 30, mais là je vise plutôt autour de 4 h 45, voire 5 h. Même qu’il vaudrait mieux que j’oublie le temps et que je vise simplement à franchir la ligne d’arrivée, avec le sourire et en santé. Et que je me convainque que finir un marathon, c’est peut-être un exploit en soi.

5 commentaires:

Sylvie a dit…

Tes deux dernières phrases sont la clé du succès pour un premier marathon. Tu auras une seule chance de vivre un premier marathon. Assures-toi de le faire dans le plaisir pour avoir le goût d'en faire un autre après ;)))
Excellent récit d'une championne. Je suis convaincu moi aussi que tu es capable de faire un demi en bas de deux heures. C'est une question de temps! Bravo!

Anonyme a dit…

Wow! quel beau récit! Tu mentionnes tellement de choses qui me seront utiles le 6 novembre prochain... J'en prend bonne note...Je suis tellement d'accord avec Sylvie!!! Assure-toi de te concentrer sur le défi de CROIRE en tes 2 dernières phrases... et ce, avant le 5 sept. Ton 1er marathon, ce sera un évènement gravé dans ta mémoire pour toujours; et même si c'était après 5h00, ou même 5h15, entrer dans le stade et croiser le fil d'arrivée, tu en pleureras de joie... (Un jour, peut-être, j'espère vivre ça aussi... Je verrai si je me satisfais avec des demis...). Je sais parfaitement bien que c'est HYPER-difficile de ne pas avoir d'attentes face nos temps de course (C'est dur sur l'orgueuil, c'est dur parce qu'on voudrait tellement être meilleures... etc...). Mais je me considère comme une VRAIE coureuse, non pas depuis que je cours sérieusement.... Non, c'est plutôt depuis que j'accepte d'être patiente avec moi-même, depuis que j'accepte la sagesse devant ce sport magnifique, et depuis que j'accepte qu'on a des bonnes journées ET aussi des moins bonnes... Imagine quand on ajoute la chaleur, l'humidité, les retards et tout le reste... Tu aurais pu faire ce demi le lendemain, dans les mêmes conditions climatiques et faire un meilleur temps... (ou même un pire!)...
Si jamais je finissais la dernière à mon 1er demi (évidemment j'espère que non, j'suis pas sage à ce point-là...), j'essaierais de me dire, qu'en RÉALITÉ, il y aurait derrière moi, des milliers de personnes...
En tout cas, le 5 septembre, après ma course, je vais savourer mon moment, savourer mon lunch,et profiter de la fête... en attendant de te voir le bout du nez arriver dans le stade; je t'encouragerai pour les derniers mètres... Qu'importe ton temps, ce sera une VICTOIRE et pas autre chose!!!!!
Ta cousine Claire xx

Geneviève a dit…

Ah merci Claire! Je verse une petite larme là! Tu es tellement motivante. Ça compte beaucoup pour moi que tu sois là pour m'encourager à l'arrivée de mon premier marathon. Merci!!

@Sylvie, merci! Oui, je veux en faire d'autres marathon après (partout dans le monde!). C'est donc important que mon premier de me laisse pas un goût amer. Merci pour tes conseils!

Lise a dit…

Bravo Geneviève! bravo pour ta tenacité. Tu ne les as pas facile tes courses et la chaleur c'est vraiment ce qu'il y a de pire, on n'arrive pas vraiment à se rafraîchir autant que l'on peut arriver à se réchauffer par temps froid. Tu as été très courageuse de le finir. Ne sois pas trop inquiète pour ton marathon complet, ce sera ton premier et je te souhaite de le savourer pleinement. Rappelle-toi il y a quoi 2-3 ans tu as commencé par des 2k, des 5k, le demi t'apparaissait super long et le marathon complet tu ne voulais pas en entendre parler...C'est dans 8 semaines ça te donne le temps d'apprivoiser un peu plus la chaleur...Bonne course!

Véronique Meunier - Triathlon a dit…

Geneviève, j'aurais pu croire, tant tes descriptions sont vivantes que je courrais à tes côtés! Ça a dû te rendre heureuse de voir Oslo!!!

Je te souhaite maintenant de vivre un premier marathon aussi beau que le mien!!!