18 avril 2010

Demi-marathon de Montréal

Je pensais ne plus jamais vivre d’expérience aussi désagréable que le demi-marathon du Maski-Courons, et bien, je me trompais. Le demi-marathon d’aujourd’hui, au parc Jean-Drapeau fut au moins équivalent, et les « effets secondaires » furent bien pires!


Je me lançais dans cette course avec la belle naïveté d’une personne mal entraînée (pas de sorties de plus de 12 km depuis le demi-marathon de Philadelphie de novembre dernier). Je croyais que, étant à mon troisième demi-marathon, j’allais bien m’en sortir quand même…

J’ai commencé à penser que j’aurais peut-être un problème quand j’ai constaté que j’avais oublié mes «Energy Chew». Je suis habituée avec ces petites doses d'énergie pour les longues distances et je sais qu’ils m’aident. J’ai acheté une autre sorte à la boutique, mais je n’ai pas osé les utiliser trop, trop étant donné que je ne les avais jamais essayés.

Depuis quelques semaines, j’ai un mal de genou qui m’empêche de courir plus de 8-10 km, mais je m’étais dit que le jour du demi-marathon, je ne sentirais peut-être pas la douleur. Erreur! Dès le premier kilomètre, la douleur était là, mais elle était très tolérable lorsque je courais presque sans plier les genoux. Je me propulsais avec les mollets surtout. Je me demandais si j’allais être capable de courir comme ça pendant deux heures. Ça me semblait impossible, mais j'aimais mieux ne pas y penser. Au cours des 7 premiers kilomètres, j’ai eu le bonheur de courir avec une amie qui ne participait pas à la course au complet étant donné qu’elle est enceinte. Durant les dix premiers kilomètres, j’ai couru à environ 5 min 40 du kilomètre, un rythme qui aurait pu me permettre de terminer au-dessous de la marque de deux heures, mais je sentais que c’était trop vite, car j’étais déjà très fatiguée après 5 kilomètres. Comme je voulais tester mes limites, j’ai décidé de maintenir ce rythme aussi longtemps que possible.

Au dixième kilomètre, j’ai dû me rendre à l’évidence : ça n’allait pas du tout. La douleur au genou devenait vive même avec ma technique modifiée de course. C’est là que j’ai pensé sérieusement à abandonner. Mais j’étais rendue pas mal loin du point de départ, et la douleur empirait lorsque j’essayais de marcher aux points d'eau. Cependant, le pire problème n’était pas mon mal de genou. J’étais complètement à sec côté énergie. Et c’est à ce moment-là que mon iPod, qui m’aidait beaucoup à garder courage, s’est arrêté de jouer. Comme je sentais que j’avais absolument besoin de ma musique pour pouvoir espérer finir la course, je me suis arrêtée quelques instants pour la redémarrer, mais je n’ai pas pesé sur le bon bouton, et c’est mon cours d’allemand qui s’est mis à jouer. On s’entend que ce n’est pas une bonne source de motivation quand on court, alors j’ai pris le temps de retrouver la bonne liste avant de me remettre à courir. Jusque-là, j’avais encore l’espoir de finir en bas de deux heures, car j’ai couru les 10 premiers kilomètres à un bon rythme, mais comme j’ai perdu environ deux minutes à tenter de remettre la musique et que mon genou ne voulait plus repartir par la suite, je savais que c’était foutu. Tout ce que je voulais désormais c’était d’arriver au fil d’arrivée au plus vite. En marchant, c’eût été impossible, alors il fallait courir.

Je me trouvais un peu niaiseuse de ne pas abandonner, parce que j’avais l’impression que j’allais aggraver ma blessure au genou et que ma saison serait peut-être foutue, mais la configuration du parcours rendait les abandons presque impossibles. Je me suis dit à plusieurs reprises : « Peut-être que mon genou sera irrécupérable après cette course et que je ne pourrai plus jamais courir après aujourd’hui ». Encourageante perspective!

Ah! Et autre pépin que j’oubliais de mentionner : à peu près en même temps que mon iPod m’a lâchée, j’ai aussi perdu les précieux services de mon GPS. Il a décidé de se figer à l’écran « boussole ». Je savais donc exactement dans quelle direction j’allais, mais je n’avais plus aucune idée de ma vitesse ni du temps qui s’écoulait. Ça aussi j’ai trouvé ça difficile de courir « à l’aveugle », sans aucun repère.

Peu après, une chanson de Roger Whittaker a commencé à jouer sur mon iPod (Hello Good Morning Happy Day). Aux premières paroles de la version que j’ai, il demande deux fois de suite « Are you feeling good? » La première fois, je lui ai spontanément répondu « moyen… ». La deuxième fois, j’ai été plus sincère et j’ai répondu « non » en hochant vigoureusement la tête. Je me trouvais bien comique et ça m’a donné un peu d’élan. J’ai décidé d’y aller un kilomètre à la fois. J’avais beaucoup de « GRRR » en moi pour une fois. Je me disais que c’est pas vrai que j’allais me laisser abattre. Que j’avais beau être poche dans «tout», j’avais au moins le mérite de ne pas abandonner et d’aller au bout de ce que j’entreprenais. Tant pis pour la douleur, l’épuisement et mes mains qui devenaient glacées sous la pluie. Tant pis aussi pour tous mes muscles qui devenaient de plus en plus raides (surtout mon pyramidal gauche). Je n’abandonnerais pas bon!

Les derniers kilomètres sont flous. Je me souviens juste que des gens me dépassaient en marchant et que j’avais pourtant l’impression de courir le plus vite que je pouvais. C’était exactement comme dans un cauchemar. Mais j’ai couru tout le long.

J’ai passé la ligne d’arrivée en pleurnichant, et après, je n’étais plus capable d’avancer. Une fille qui avait l’air dans le même état que moi est venue me serrer la main et me féliciter d’avoir terminé, et je l’ai félicitée aussi. Nous étions toutes les deux pliées en deux quand nous nous sommes serré la main et ça m’a bien touchée ce moment-là.

Ensuite, j’ai l’impression d’avoir rampé jusqu’au vestiaire. Heureusement, mes parents étaient là, et ils ont pu me ramener en auto. Dans leur auto, je me suis mise à avoir franchement mal au cœur alors que nous nous rendions au restaurant pour dîner. En arrivant au resto, je suis allée à la toilette et (désolée pour les dédaigneux), j’ai vomi de l’eau et du Gatorade (c’est tout ce que j’avais réussi à avaler après la course). Quelques minutes plus tard, j’y suis retournée et j’ai vomi mon déjeuner d’avant-course. Je me sentais dans un état vraiment lamentable, et j’avais l’impression que j’allais mourir. Mes parents m’ont ramenée jusqu’à mon auto au métro Berri, et j’ai conduit jusqu’à DDO. C’était très difficile, car j’avais encore très mal au cœur.

À la maison, j’ai vomi le peu de nourriture que j’avais avalée au restaurant. J’étais de plus en plus déshydratée et je vomissais même l’eau que je prenais. J’ai fini par prendre ma douche, et je suis allée me coucher. Après deux heures de sommeil je me suis réveillée avec le mal de cœur encore présent. Mais j’arrivais à boire! Yééé! Une heure après j’allais enfin mieux, mais je me sens plus en convalescence qu’en récupération.

En ce moment, je doute de pouvoir courir un marathon dans 5 mois. Si je suis dans cet état après un demi, comment vais-je survivre à un marathon? J’imagine que le fais de suivre religieusement un plan d’entraînement pourrait aider.

Mon temps d’aujourd’hui : 2 h 12 minutes et 23 secondes, soit 7 minutes de plus qu'au demi-marathon de Philadelphie que j'avais couru sans aucune difficulté, le sourire aux lèvres. Les demis se suivent, mais ne se ressemblent pas. 

9 commentaires:

Serge a dit…

Bravo! Tu as completé ton demi... et tu as fait face à l'aversité. Tu n'as peut-être pas 'performé' aussi bien que tu voulais... mais cette expérience va te rendre plus forte.

Et comme tu le dis bien... les demis se suivent, mais ils ne se ressembleront pas.

Serge S.

P.S. Moi, pour les compétition, je n'utilise qu'une montre avec un 'timer'. Pas de ipod, de gps, capteur de battement, ... Ce sont des sources de distraction... qui 'trouvent' toujours le moyen de 'déconner' quand c'est pas le temps! La loi de Murphy!

Sylvie a dit…

Sérieux Geneviève, tu es tellement une brute! Bravo pour ta détermination.
C'est sûr qu'un entraînement plus assidu aide mais faire ce que tu as fait hier, ça fait partie maintenant de tes expériences de coureuse! Ça enrichie ta vie ;)

Pendant mon voyage, ma montre Garmin m'a un peu laissé tombé alors j'ai dû planifier mes sorties de course à pied avec des trajets tracé sur le web et je partais simplement avec un chrono sur ma montre timex. Je dois avouer que j'ai trouvé ça libérateur. Je vais être contente de retrouver ma garmin une fois réparée mais de temps en temps, je vais me payer des sorties ''sans''. Question d'apprendre à me faire confiance!

J'ai hâte de te revoir!
Bonne récupération :)

jamfil a dit…

ouf! Quelle course!

tes problèemes d'estomac ressemblent à ce que mon chum fait quand il augmente son milage tout d'un coup. ya des gens plus sensibles que d'autres. Tu es allée un brin loin dans tes forces, ça ne me surprend pas que tu sois malade.

Repose-toi bien. Prend le temp qu'il faut, ya rien qui presse tant tu sais ;)

Geneviève a dit…

Merci! En tout cas, plus jamais je vais prendre la distance du demi à la légère! Et pour ce qui est des gadgets, c'est sûr que je ne vais plus jamais courir avec mon iPod. Je ne le fais jamais en entraînement, alors c'était pas le temps d'essayer ça pendant une course! Pour ce qui est de ma Garmin, je l'aime bien, mais je vais porter ma montre aussi la prochaine fois, comme je le faisais l'an dernier. En tout cas, j'ai déjà hâte à mon prochain demi. J'essaie d'en trouver un fin mai ou juin...

Anonyme a dit…

Pas trop loin j'espère !

Sylvie a dit…

fin mai, il y a le classique demi d'Ottawa!

Lise a dit…

Bravo pour ton courage et ta force de caractère. Ça ne m'est jamais (il ne faut jamais dire jamais je sais pfiout je viens de cracher pour conjurer le sort) arrivé d'être aussi mal en point, découragée dans ma tête mais quand même pas si pire dans mon corps. Je te lève mon chapeau et t'en souhaite bien d'autres plus faciles. Amicalement

Geneviève a dit…

Merde, le demi d'Ottawa est plein. Humm, peut-être le 20 km de la virée des sentier du Mont Saint-Bruno. Mais y paraît que c'est côteux et très difficile. J'aurais aimé me tester sur un autre demi-marathon plat. Si je trouve rien, ça ira à cet été.

Lise a dit…

Début juin il y a un demi dans les iles de Boucherville...le tour du lac Brome dont notre ex-coach est si fier...et le 20 de St-Bruno est pas si pire, la dynamique est différente que sur du plat...c'est tellement le fun! (soupir) on peut pas toutes les faire